Bataille de Diên Biên Phu

Journée du 3 mai 1954

Jean POUGET (1920-2007) en Algérie.

Lundi 3 mai 1954

Situation générale :

En pleine nuit les dakotas larguent la 3/1er BPC du capitaine Pouget (aide de camp du général Navarre) ; ce dernier ne supportait pas de rester en arrière sachant ce qu’il se passait à Dien Bien Phu.

La journée s’annonce encore calme, la météo n’est pas meilleure, il pleut. Le général de Castries est souvent à la radio avec le général Cogny.

Pour le moment personne, en dehors de nombreux officiers du PC GONO n’ose croire que la fin est proche.

Pourtant il n’y a plus un camion en état de rouler et la dernière jeep, celle de Langlais, n’est plus qu’une passoire les quatre roues en l’air.

Situation au 8ème Choc :

Les hommes sont dans des tranchées noyées que ce soit sur « Epervier », la position du 8ème Choc, ou sur les points d’appuis encore français.

Il y a toujours une accalmie entre deux orages et le prochain orage c’est peut-être le dernier assaut des Viets ; car aujourd’hui la pluie les retarde mais les obus tombent toujours sporadiquement.

Sur « Epervier » une explosion blesse grièvement le Para N’Guyen Van Vui. C’est un cochinchinois, né à Saïgon en 1932. On l’emmène à l’antenne s’ajouter aux centaines d’autres blessés.

Etat des pertes :

3 blessés dont le para N’GUYEN VAN VUI qui décédera des suites de ses blessures le 4 mai 1954

LA PLUIE

Témoignage de M. BRYARD :

… « Elle tombe en averses longues et fournies. Rien n’est prévu pour son évacuation, elle stagne dans les trous d’obus et les tranchées et s’infiltre au travers des abris dont les plus légers ont déjà volé en éclats sous les obus. Ceux qui tiennent encore debout deviennent de plus en plus fragiles et s’effondrent car l’eau ramollit la terre qui ne supporte plus les quelques matériaux qui la soutiennent.

Les trois-quarts de nos affaires sont mouillés. Nous nous couvrons avec des morceaux de toile de tente ou de parachutes. Au fond des tranchées, il y a quinze à vingt centimètres de boue… ».

Témoignage du sergent R. PREGNON de la CA :

…. « La pluie est notre problème. De l’eau, de l’eau sans arrêt surtout vers la fin ; dans les tranchées nous avons de l’eau jusqu’au ventre.

 Et puis, à cause de la pluie, pas d’appui de l’aviation. Début mai, il pleut sans arrêt. Peut-être que si nous avions eu l’appui des avions, les Viêts n’auraient pas gagné. Ça s’est joué à pas grand-chose… ».

Sergent R. PREGNON.

Témoignage de N. ISSERT :

… « Contre la pluie, nous n’avons aucun vêtement. Nous portons des tenues camouflées anglaises ou américaines mais elles ne sont pas imperméables. Alors, dehors nous sommes trempés et nous séchons comme nous le pouvons… ».

Témoignage de C. GALICHET :

… « Dans les tranchées, le niveau de l’eau monte sans arrêt et recouvre les morts que nous ne pouvons évacuer.

Certains gisent au fond, en état de décomposition. Malgré la chaleur, l’eau et les cadavres, il faut garder le moral ; notre jeunesse nous aide sans doute à tenir. Je ne suis pas très grand, un mètre cinquante-huit et j’ai, à certains endroits, de l’eau jusqu’au milieu de la poitrine. Il y a de plus en plus de cadavres au fond des tranchées et nous sommes obligés de marcher sur eux ; les vers flottent à la surface de l’eau… ».

Tireur FM dans la tranchée.

Avenue du lieutenant Jacques Desplats

81108 Castres Cedex