Articles de presse

Hommage à Geneviève de Galard.

Cliquez ci-dessous

Non-lieu confirmé pour l’armée française accusée de « complicité de génocide » au Rwanda 18/12/2024

Cliquez ci-dessous pour lire

Réactivation de la brigade du génie.

Cliquez pour en savoir plus…

Le commandement militaire à la française, une doctrine en évolution.

Cliquez pour en savoir plus…

Stress post-traumatique : la double peine des soldats de retour du combat

https://www.lepoint.fr/tiny/1-2577177 #Santé via @LePoint

 

 

À l’occasion des commémorations du 11 Novembre, le chef d’état-major des Armées passe en revue les grands enjeux et défis de la défense française et européenne, après l’élection de Donald Trump pour un second mandat.

Nicolas Barotte

LE FIGARO. – Le 11 Novembre, nous commémorons les morts pour la France. Alors que les armées se modernisent pour recourir à davantage de drones, d’automatisation, à l’intelligence artificielle, est-ce que le rapport à la mort, à la singularité militaire, va changer?

GÉNÉRAL THIERRY BURKHARD. – Depuis le 28 février 2012, le 11 Novembre commémore non seulement l’armistice de 1918, mais aussi tous les morts pour la France, civils et militaires. Nous devons nous souvenir collectivement que si nous sommes libres aujourd’hui, c’est grâce au courage et à l’engagement des hommes et des femmes qui ont, un jour, donné leur vie. Cette idée résonne particulièrement depuis bientôt trois ans. Il ne suffit pas de vouloir la paix pour éviter la guerre. Soyons prêts à nous en rappeler. Ce message est présent partout en France, chaque commune ayant son monument aux morts. Il faut le mettre en valeur. Concernant le rapport au sacrifice, il ne me semble pas lié au nombre de morts, certes très différent par exemple entre la Première Guerre mondiale et nos engagements les plus récents. Est-ce que le rapport au sacrifice a été dévalué? Je ne le pense pas. Est-ce que la robotisation permettra moins de morts? Je l’espère. Est-ce que cela signifie que le sens de l’engagement des soldats va changer? Je ne le pense pas. Nous leur devons à tous la même reconnaissance.

Aux États-Unis, Donald Trump vient d’être élu président. Vous attendez-vous à des inflexions dans l’engagement militaire mondial de l’armée américaine?

Pour la France comme pour beaucoup d’autres pays, l’armée américaine est le partenaire militaire majeur. C’est une armée puissante et innovante. Elle donne le ton et n’est comparable à aucune autre. À ce titre, il n’est pas toujours pertinent de vouloir la copier. Elle est au cœur des grandes alliances de défense collective, que ce soit l’Otan pour le continent européen, mais aussi dans le Pacifique. Les Européens, de façon logique, ne doivent pas exclure qu’un jour les Américains ne puissent pas être là, ou ne veuillent plus être là à leurs côtés, ou s’engagent avec un volume de forces moindre que ce qu’ils espéraient. Les Américains se battent pour le leadership mondial et cette bataille se joue aujourd’hui dans la zone indo-pacifique. Il est donc probable qu’un jour les Américains consacrent encore davantage de forces à ce théâtre. Nous devons anticiper le jour où les États-Unis pourraient revoir leur niveau d’engagement en Europe.

Donald Trump a plusieurs fois durant son premier mandat exprimé des doutes, voire des reproches à l’Otan, en laissant planer la possibilité d’un repli. L’Otan serait-elle en mesure d’encaisser un tel choc?

J’ignore ce que fera le président élu lorsqu’il sera en situation. Quelles que soient ses décisions, les pays européens n’auront pas le choix. Ils devront s’adapter collectivement et faire preuve de cohésion. Si on additionne les capacités de chaque pays, qu’elles soient financières, industrielles ou militaires, il n’y a pas de raison que l’Europe ne soit pas capable de faire face. Comme l’a souligné le président de la République, nous devons développer le pilier européen de l’Otan. L’une des difficultés en Europe tient aussi à la compétition de l’industrie de défense entre les États, compréhensible, sauf quand cette compétition nuit aux intérêts collectifs. Il existe des progrès à faire pour se soutenir mutuellement. Notre objectif doit être notre efficacité opérationnelle.

Quelles sont les capacités clés que les Américains fournissent et que les Européens doivent développer?

L’armée américaine fournit une grande part des postes de commandement et fixe les normes. Dans ce domaine-là, la France pourrait jouer un rôle, car elle sait et a l’ambition d’être «nation cadre». L’armée américaine fournit aussi des troupes. Si elles n’étaient pas là, il en manquerait évidemment. Mais nous ne serions pas non plus démunis. Les Américains disposent ensuite de moyens importants dans le domaine de l’appui et en particulier des feux dans la profondeur. Cette capacité nous fait défaut aujourd’hui. Nous n’en avons pas suffisamment, ainsi que des moyens de défense sol-air. Enfin, elle fournit les «briques de cohérence», par exemple les avions de ravitaillement en vol qui sont des outils essentiels pour toute campagne aérienne. Tous ces besoins sont connus des Européens.

L’Otan a adopté des plans de défense lors de son dernier sommet. Compte tenu des incertitudes liées à l’engagement américain, faut-il d’ores et déjà les amender?

Les plans de défense de l’Otan ont été actualisés depuis 2022 compte tenu de l’évolution de l’environnement stratégique. Ces plans régionaux sont très importants pour se préparer et planifier des opérations. Néanmoins, la guerre se fait avec les moyens dont on dispose… Ces plans correspondent, si l’on peut dire, à une vision théorique du conflit. Un plan n’est pas fait pour être exécuté seulement à la lettre. En revanche, il permet de nous fixer des objectifs pour être en capacité de réagir face à ce qui pourrait se produire. Il n’est donc pas anormal qu’il y ait aujourd’hui un delta entre ce que les plans prévoient et les moyens mis sur la table par les États. En cas de désengagement américain, la défense européenne s’adaptera. Nous regarderons s’il faut réviser les plans ou les jouer de façon différente. Mais leur philosophie ne serait pas remise en question.

Vous avez mentionné les feux dans la profondeur, qui font l’objet d’une initiative européenne baptisée «Elsa». Quel besoin identifiez-vous?

Quand on parle de feux dans la profondeur, cela peut signifier beaucoup de choses. Pour l’armée française, nous avons une urgence concernant la succession du lance-roquettes unitaire, pour une portée de 50 à 300 km. La loi de programmation militaire a prévu leur remplacement. Ensuite, il y a les feux dans la profondeur « stratégique» d’une portée de quelques milliers de kilomètres. Cette capacité permet de faire peser une vraie menace sur l’ennemi en ciblant les éléments qui lui permettent de conduire et de soutenir la bataille, c’est-à-dire les postes de commandement, les systèmes de défense sol-air, les dispositifs logistiques, les zones de regroupement, les axes d’approche. C’est très dimensionnant.

Nous trouvons-nous au début d’une nouvelle course aux armements?

Il faut l’éviter. Il faut continuer à développer des armes technologiques de grande précision, des armes «de décision». Par définition elles vont coûter très cher. C’est antinomique avec l’idée d’en disposer en grandes quantités. Ces armes doivent être complétées et articulées avec des armes et des munitions «d’usure», qui permettront de conduire l’essentiel de la bataille. Il s’agit de l’un des enseignements-plus exactement une confirmation – de la guerre en Ukraine. La question de la soutenabilité des opérations dans une guerre de haute intensité est essentielle. C’est ce que la LPM actuelle nous permet de faire.

La Russie mène une guerre hybride contre l’Occident. Comment la France est-elle ciblée?

La Russie mène un combat pour mettre en place, si besoin par la force, un ordre alternatif à l’État de droit issu de la Seconde Guerre mondiale. Le président Poutine y a préparé la Russie et il cherche à entraîner d’autres pays derrière lui. Pour y parvenir, il utilise aussi des moyens hybrides et, en particulier, la guerre dans le champ informationnel. La France a été ciblée très directement en Afrique. La Russie a aussi essayé d’instrumentaliser la France dans le cadre du conflit en Ukraine avec, par exemple, la création d’un faux site de recrutement de l’armée française. Cela se fait aussi de façon plus insidieuse avec la campagne sur les punaises de lit. Moscou est fortement suspecté d’en être à l’origine. Dans d’autres pays européens, la Russie est allée plus loin, avec des tentatives d’assassinat sur des présidents de groupes industriels, des sabotages ou l’envoi de colis piégés, toujours sans en être formellement désignée comme responsable. La France n’a pas été visée par ce type d’actions.

L’Otan est-elle en mesure de se défendre sur le terrain de la guerre hybride ?

L’Otan est une alliance militaire défensive qui raisonne en termes de temps de paix et de temps de guerre. Elle dispose de capteurs et de structures pour synthétiser le renseignement. Mais ce mode de fonctionnement ne correspond pas au monde de la compétition et de la contestation. C’est, avec la possibilité de l’affrontement, la grille de lecture que nous utilisons. Les menaces hybrides ne se situent pas uniquement dans le champ militaire. L’Union européenne est en fait relativement mieux équipée pour y répondre, car elle dispose d’outils pour agir sur les terrains politique, diplomatique et économique.

Faudrait-il être plus offensif ?

Il faut s’opposer à l’adversaire dans l’ensemble des champs où il nous attaque, en particulier dans le champ informationnel. On ne peut pas se contenter de démentir des manipulations par un communiqué officiel. Il faut aussi répondre là où la menace s’est révélée et là où elle a eu un impact. On peut faire un communiqué sur les punaises de lit… Mais si le message s’est propagé sur les réseaux sociaux, c’est aussi sur les réseaux sociaux qu’il faut intervenir pour informer et rétablir la vérité. Nous devons contrer l’ennemi là où il opère.

Il s’agit de contre-influence. Faut-il aussi être capable d’influencer l’opinion publique adverse?

Nous devons être capables de nous défendre et éventuellement de conduire des actions dans l’espace informationnel adverse. Ces actions doivent permettre de diffuser de l’information et toucher l’opinion publique de nos adversaires. Ces domaines d’opération sont désormais bien organisés. Les procédures de planification et d’exécution sont conformes à ce qui se fait dans les autres champs. Mais il reste difficile d’y mesurer les effets produits. Après l’attaque ukrainienne dans la région de Koursk, on a perçu un moment de flottement en Russie. Mais il n’a pas pu être suffisamment exploité par les Ukrainiens pour faire changer la perception du conflit.

Vous dites dans vos interventions que l’Occident ne doit plus seulement chercher à gérer les crises mais aussi à les prévenir quitte à prendre plus de risques. Concrètement que faudrait-il faire aujourd’hui en Ukraine?

Près de trois ans après le début de la guerre, la Russie occupe seulement un peu moins de 20% du territoire ukrainien. La Finlande et la Suède ont rejoint l’Otan, ligne rouge absolue pour la Russie depuis 1945. Elle est en passe d’être vassalisée par la Chine et dépend aujourd’hui des livraisons d’armes iraniennes et nord-coréennes. Cette guerre lui coûte très cher. Elle ne recrute pas des soldats, elle les achète! Sur le champ de bataille, les forces sont de niveau à peu près égal, même si l’armée russe grignote lentement du terrain. Mais Vladimir Poutine fait le pari qu’il finira par l’emporter non pas par une victoire militaire mais grâce à sa profondeur stratégique et à sa capacité à s’être mis très vite en économie de guerre. C’est donc sur ce terrain qu’il faut agir en rendant les sanctions plus efficaces et en empêchant que les énergies, pétrole et gaz, restent une ressource économique pour la Russie. Nous devons être conscients des conséquences si jamais la Russie venait à l’emporter. Il ne s’agirait pas seulement de la défaite de l’Ukraine. Ce serait la démonstration que la force l’emporte sur le droit et le prélude à un nouveau niveau de menace inégalé, en particulier pour les pays du continent européen. ■

ALGERIE

Un siècle en photo par National Géographic

Nota: Pour une lecture plus confortable ouvrez « Autres actions » dans la barre d’outil du PDF, sélectionnez « Vue sur 2 pages » et « Ajuster à la largeur » .

La longue marche des paras du « 8 ».

Avenue du lieutenant Jacques Desplats

81108 Castres Cedex