Vendredi 23 avril 1954
Situation générale :
Malgré les réticences du colonel Langlais et du lieutenat-colonel Bigeard, le général de Castries décide de reprendre « Huguette » 1.
Dans l’après-midi, il est décidé d’envoyer l’unité la plus fraîche, le 2ème BEP du commandant Lisenfelt. Le colonel Langlais commande l’action, le capitaine Bigeard, épuisé, va dormir.
Tout se passe mal. On cale les horaires sur ceux de l’aviation. L’infanterie doit s’adapter or, dans ce chaos qu’est devenu le terrain, les compagnies du BEP progressent lentement et sont ralenties par les obus viêts. Les liaisons radios sont mauvaises. La coordination des appuis est trop décalée avec l’arrivée de la force d’assaut. Pour aller plus vite, les légionnaires parachutistes traversent la piste d’aviation et les mitrailleuses ennemies les fauchent en une moisson de mort.
On réveille le lieutenat-colonel Bigeard et, en accord avec le colonel Langlais, le commandant Lisenfelt est autorisé à décrocher. Son bataillon, déjà réduit à 350 hommes, (la moitié de son effectif), a perdu encore soixante-seize parachutistes.
« Huguette » 1 appartient désormais à l’Armée populaire.
Situation au 8ème Choc
Inchangée
Etat des pertes
Le 23 avril, le 1″ classe Jean GUIFFANT est blessé et meurt dans la journée.
Cette photo est une reconstitution, mais elle illustre bien la tentative de reprise d’ « Huguette » 1 par le 2ème BEP. (au premier plan, les viêts)
Témoignage de H. Kostecki :
… « Après plusieurs semaines de combat, déjà plusieurs points d’appui sont tombés. Sous des tirs violents d’artillerie, de mortiers et de toutes armes, nos effectifs commencent à fondre sérieusement ; nous nous demandons maintenant ce que nous allons devenir. Nous nous posons la question de savoir comment nos chefs envisagent de nous sortir d’un tel trou à rats.
Le camp retranché commence à sentir la mort. Des cadavres partout et nous-mêmes, encore vivants, commençons à exhaler la même odeur.
Soudain, on nous annonce qu’une colonne venant du Laos (la colonne Crèvecœur) arrive à notre secours. Nous y croyons ferme mais, très vite, nous réalisons que ce ne sont que des ragots. Déçus par ce bobard, le moral de la compagnie descend au plus bas, mais les paras reprennent rapidement du poil de la bête… ».
Témoignage de G. Bauchet :
… « Dès le soir les Viêts rodent, cherchant à s’infiltrer vers le sud. On n’arrête pas de tirer de la nuit ; le capitaine de Salins m’installe à son bureau sur lequel sont disposés les postes radio pour que sur son ordre, jouant sur les fréquences des unités d’appui, je rédige et envoie les demandes de tir d’interdiction. Dans les intervalles, on fait appel aux mortiers de 81 du bataillon et évidemment aux « Quad ». Quand cela ne suffit plus, je reçois l’ordre de mettre en œuvre les charges plates, précédemment installées par le Génie. Ça marche. Les Viêts sont volatilisés. Hélas, au petit/ jour nous constatons que les réseaux de barbelés sont aussi volatilisés et que les charges plates ont ainsi réalisé des « couloirs à Viêts ». Pendant plusieurs nuits, on rebouche comme on peut… ».
Avenue du lieutenant Jacques Desplats
81108 Castres Cedex