Dimanche 20 avril 1954
Situation générale :
Giap a privilégié l’étouffement, alors il étouffe. « Huguette » 1 est investi de tous côtés et même par-dessous par des fourneaux de mines et des souterrains qui permettent de surgir au milieu des défenseurs. Ses jours sont comptés inexorablement.
Situation au 8ème Choc
Le 20 avril, la « 3 » du lieutenant Bailly, puis la « 1ère » du capitaine de Salins interviennent au niveau du drain, entre « Épervier » et « Opéra », pour interdire le passage vers « Huguette »1 aux Viêts. Les combats sont acharnés, souvent au corps à corps.
Etat des pertes
9 Tués : sous-lieutenant VODOZ, caporal Serge COIFFIER, 1ère classes Gabriel BRECHARD, BUI VAN NHO, Guy PITRA et THAC-HAS et les parachutistes N’GUYEN VAN CON, VU VAN NHO, et Joseph SARROCHE.
12 blessés dont un officier et un sous-officier.
Témoignage de C. Galichet de la 3ème compagnie :
… « Nous sommes dans le drain pour empêcher les Viêts de progresser, un sous-lieutenant a pris la place de chef de section. Des abris sont creusés pour nous mettre à couvert. Je dis au sous-lieutenant qu’il a sa place dans ces abris ; il me répond qu’il n’a pas d’ordre à recevoir d’un caporal. Un quart d’heure plus tard, une rafale de mitrailleuse le fauche, venant confirmer les conseils d’un simple caporal. Il s’agit du sous-lieutenant Marc VODOZ-JEANNIN du II/1er RCP, détaché au « 8 » en renfort. Il est le troisième chef de la 2ème section de la 3′ compagnie tué au combat, le quatrième le sera aussi.
Un quatrième chef de section prend la relève ; tout devient de plus en plus critique, la saison des pluies n’arrange rien : les tranchées se remplissent d’eau, le niveau monte sans arrêt et recouvre les morts que nous ne pouvons pas évacuer. Certains gisent en pleine décomposition au fond de la tranchée mais, malgré tout cela, nous gardons le moral… ».
Témoignage de H. Kostecki de la 1ère compagnie :
… « Nous avons un accrochage sur la piste d’aviation où les Viêts s’installent en creusant des tranchées. Les sections de la 1″, des lieutenants Bonelli, Racca et de l’adjudant Berne doivent déloger ces Viêts et reboucher les tranchées.
D’après mes souvenirs, nous avons l’appui de deux chars. La bataille fait vraiment rage ; la progression est difficile et nous n’avons pas grand-chose pour nous abriter. Soudain, un char est cloué au sol et ses occupants tués. Le caporal-chef Rousseau, de la section Berne, monte sur le char, s’installe à la mitrailleuse de la tourelle et canarde les Viêts.
Ceux-ci n’apprécient pas du tout et déclenchent aussitôt des tirs de SKZ qui tombent à foison, ci et là ; on les voit passer au-dessus de la tête de Rousseau. Je ne suis pas très loin et me souviens de lui avoir crié : «Rousseau, tu vas te faire tuer ! » Et de lui avoir fait signe de redescendre mais il ne m’entend pas. Quelques instants après, un SKZ vient frapper la tourelle et notre pauvre Rousseau est déchiqueté.
Son acte de bravoure nous permit de progresser et d’arriver aux tranchées viêts, la bataille se terminant au corps à corps. Par chance, nous étions tombés sur un stock de grenades viêts, récupération divine, qui nous permit de nous dégager et de sauver la vie du petit nombre que nous restions…».
Trois de la 1ère compagnie : le sergent-chef BOUCLY, le para ROUSSEAU de la 3ème section (Adjusant BERNE) et le para CALODA de la 2ème section (Lieutenant RACCA)
Avenue du lieutenant Jacques Desplats
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