Bataille de Diên Biên Phu

Journée du 4 avril 1954

Dimanche 4 avril 1954

Situation générale :

Sur « Huguette » 6, la situation s’est fortement dégradée dans la journée du 3 avril ; la perte du point d’appui serait grave car elle mettrait la piste d’aviation à la merci des infiltrations en direction du centre de résistance principale. Le lieutenant-colonel Langlais a demandé dans la nuit au 8° Choc d’intervenir au plus tôt.

Parachuté dans la nuit de nuit du 3 au 4 avril, le 2éme bataillon du 1er RCP de Bréchiniac est maintenant au complet.

Le 4 avril à 5 heures du matin, un silence effrayant tombe sur « Éliane » 2. Les Viêts évacuent les « Champs-Élysées », gigantesque cimetière à ciel ouvert. La bataille des cinq collines vient de prendre fin, elle a duré cent sept heures. L’offensive viêtminh contre les positions de l’Est est terminée, mais pas la reprise « d’Éliane » 2 pour laquelle Giap renverra ses bataillons.

Situation au 8ème Choc :

La 1″ compagnie est en surveillance face au nord et face à « Dominique » 2; la « 3 », renforcée d’un reste de la « 2 », est laissée en « repos ». Seule la « 4 » est disponible.

La « 4 » démarre dans la nuit du 3 au 4 avril. Un seul itinéraire possible pour rejoindre « Huguette » 6 : le drain qui partant en oblique « d’Épervier » rejoint le bord Est de la piste du Curtiss Commando puis le longe jusqu’à son extrémité. Ensuite, il reste trois cents mètres à parcourir pour arriver à destination.

Renforcée de deux chars Chaffee, la 4ème compagnie effectue sa marche d’approche à une vitesse étonnante parce que le lieutenant Desmons ne fait pas marcher ses hommes dans le drain, mais le long de celui-ci, en terrain découvert. C’est audacieux, mais pas tellement risqué parce qu’en cas de harcèlement par l’artillerie viêt, il suffit d’un bond pour sauter au fond du drain.

Les éclaireurs aperçoivent les Viêts plus tôt que prévu, car ceux-ci ont pris position entre le bout de la piste et « H6 ». Ils ne se gardent pas vers le sud-est. La « 4 » arrive droit sur leur flanc sans avoir été décelée.

Desmons fait stopper ses chars et les place en base de feu. Puis il précipite ses sections dans la tranchée par laquelle les Viêts ont contourné la position. Ensuite c’est une affaire de chefs de groupe et de combattants individuels. La tranchée est nettoyée mètre par mètre. Aucun soldat au monde n’aime se voir couper de ses arrières. Les bo-doïs cessent de s’intéresser à « H6 » pour essayer de rétablir la communication avec leur base de départ. La Légion sur « H6 » en profite et, une fois de plus, contre-attaque et réoccupe la totalité du point d’appui. Par chance, un des pointeurs au 120 de la batterie Bergot se trompe et expédie une salve en plein sur le PC du régiment viêt chargé de l’attaque.

Ces derniers sautent hors de leurs trous et courent à découvert. Desmons qui n’a subi aucune perte peut-il les poursuivre ? La question ne se pose même pas, car à ce moment, les lucioles cessent d’éclairer le champ de bataille pour permettre aux Dakotas de parachuter le II/1″ RCP de Bréchiniac. Desmons demande des directives au capitaine Tourret. « Impossible de continuer » répond celui-ci. À la vérité, il ne peut mesurer la juste valeur de l’exploit de la « 4 » et l’ampleur de son succès, mais comment poursuivre l’action avec le parachutage ? Parti à 21 heures, la 4 reçoit l’ordre de rentrer.

Etat des pertes :

5 blessés dont le capitaine Tourret.

Sortie d’un abri pour la contre-attaque.

Avenue du lieutenant Jacques Desplats

81108 Castres Cedex