Samedi 3 avril 1954
Sur les « Eliane » :
Poursuite des combats sur « Eliane » 2.
La compagnie du II/1″ RCP qui a été larguée dans la nuit du 1″ au 2 avril renforce dans la journée du 3 le 6° BPC et ce qui reste du 5° BPVN sur « Eliane » 4.
Sur les « Huguette » :
« Huguette » 6 résiste toujours à l’assaut de la division Viêt 308 qui a été lancé dans la nuit du 1er au 2 avril. Les quatre-vingt-dix légionnaires et un lieutenant ont ordre de tenir le plus longtemps possible.
Dans la journée du 3 avril, il n’y a plus que soixante-dix hommes sur « H6 ». Le soir, la division 312 remplace la 308 très éprouvée et attaque. La perte de « H6 » serait grave, mettant la piste d’aviation à la merci des infiltrations en direction du centre de résistance principal. Le lieutenant-colonel Langlais demande au 8° Choc d’intervenir.
Situation au 8ème Choc :
Au fil des jours et des combats, « Épervier » dont « Dominique » 4 forme maintenant la partie la plus exposée est devenu la cour des Miracles comme l’écrit Bergot qui, à la tête de sa batterie de 120, l’observe en voisin. Un chaos de trous et de bosses, vaguement reliés entre eux par des boyaux de fortune, recouverts de plaques métalliques enlevées à la piste d’atterrissage devenue inutile. Un bidonville peuplé de soldats de toutes provenances : tirailleurs algériens mués en brancardiers volontaires, Thaïs reconvertis dans le ramassage et la distribution des colis parachutés, artilleurs antiaériens qui bloquent la passe des « Dominique » avec leur « 12,7 » quadruples. Il y a aussi des sapeurs du Génie qui, toutes les nuits sans relâche, réactivent les champs de mines, aménagent des abris, redressent les réseaux de barbelés ; des aviateurs transformés en mécaniciens ; des gendarmes de la Prévôté devenus infirmiers. De tous les points d’appui, « Épervier » est le plus exposé aux coups directs des SKZ ennemis, à l’abri dans les blockhaus creusés aux flancs de « Dominique » 1 et 2, distants d’à peine mille mètres de la position qu’ils dominent comme les gradins d’une arène. Dans la journée, personne ne se montre et les hommes circulent dans les boyaux nauséabonds, recouverts de caisses, de plaques et de grilles métalliques. La vie ne commence vraiment qu’à la nuit. D’« Épervier » partent alors patrouilles et corvées. On marche, on court, on rampe, on s’interpelle à voix basse, on donne brièvement des mots de passe. Au matin, tout est rentré dans l’ordre ; chacun dans son trou attend la nuit suivante.
Etat des pertes :
Tué : Parachutiste de 1ère classe N’Guyen Duong
5 blessés
Avenue du lieutenant Jacques Desplats
81108 Castres Cedex