Jeudi 18 mars 1954
Situation générale :
GIAP sait que l’oxygène de Diên Biên Phu c’est l’aviation ; s’il parvient à chasser l’aviation du ciel de la cuvette, il asphyxiera les Français.
Le moindre aéronef en approche est pris à partie, même s’il est sanitaire. S’il parvient à se poser, il est aussitôt traité au canon par les artilleurs viêt qui ont une vue imprenable sur la piste d’aviation.
A partir du 18 mars, il n’y a plus d’aérotransport ; le fret et les renforts sont uniquement parachutés. A partir du 19 mars, il n’y a plus d’évasan de jour. Les avions se poseront de nuit.
Situation au 8ème Choc :
Reconnaissance au nord de la piste d’aviation vers les anciennes positions « Anne-Marie » prises par les viêts.
Etat des pertes :
Parachutiste Pierre BAUX, décédé suite à ses blessures du 17 mai.
2 blessés
Témoignages :
Sergent P. FRANCESCHI
« …Nous poussons une pointe le 18 mars, accompagnés de chars, au-delà du nord de la piste d’aviation et au-delà des « Huguette », zone qui a été abandonnée sans combat par le bataillon Thaï d’« Anne-Marie… »
Sergent P. PREGNON de la CA
« …A la section lourde de la CA, il y a des mortiers et des mitrailleuses. Moi, je suis aux mitrailleuses et BRETT, un copain, aux mortiers.
Un soir, nous sommes entrain de fumer une cigarette dans une alvéole de BRETT, un trou rond avec un « 81 » au milieu pour tirer tous azimuts. Nous sommes assis à trois, GAUTHIER, BRETT et moi. Il y a de la bagarre au loin : les quadruplées tirent et nous regardons partir les traçantes. Soudain un sifflement et …ploc ! Un obus de 105 se plante dans la terre entre GAUTHIER et BRETT. C’est un obus à retard prévu pour exploser dans les 15 secondes. Nous sommes là tétanisés, à ne plus savoir quoi faire. Alors bêtement nous comptons, un, deux, trois…. quinze, rien ! Il n’a pas explosé.
Le lendemain matin, je vois BRETT. Il a les cheveux blancs, lui qui était brun ! Un coup de frayeur, c’est incroyable. On s’est foutu de sa gueule ! Pour rigoler. »
EVASAN ratée : le Dakota est reparti pour échapper aux obus qui commencent à tomber.
Au premier plan, le Parachutiste Marcel DUBOIS de la 1ère compagnie du « 8’, blessé le 13 mars. Il va reprendre le combat en attendant la prochaine évacuation.
Le 18 mars, le dernier DC3 quitte la piste avec son chargement de blessés, tiré à vue au canon. Il n’y aura plus ensuite que des EVASAN de nuit.
Avenue du lieutenant Jacques Desplats
81108 Castres Cedex