Le drapeau

Notre drapeau français.

L’Arc de Triomphe, place de l’Etoile à Paris, lieu hautement symbolique de la France, lieu de mémoire des soldats tombés au cours de toutes les guerres, aura connu récemment quelques vicissitudes et aura été au cœur de polémiques : un saccage par les « gilets jaunes », son empaquetage comme « œuvre » de Christo, la décision du Président de changer le ton du Bleu et, en ce début d’année, le remplacement – certes de courte durée – de l’emblème national par le drapeau européen.

Je ne souhaite pas entrer dans les polémiques qui ont entouré et suivi ces événements, mais la mise en lumière de ce monument emblématique me permet, ce mois-ci, d’aborder le thème du drapeau français ; car il me semble que l’origine et le symbole de notre étendard sont souvent oubliés dans la mémoire collective des Français.

Symbole de la France, de la Patrie.

Emblème national, le drapeau tricolore est né sous la Révolution française, de la réunion des couleurs du roi (blanc) et de la ville de Paris (bleu et rouge). Il ne prend sa forme définitive que le 15 février 1794 (27 pluviôse an II) lorsque la convention nationale décrète que le pavillon national « sera formé des trois couleurs nationales, disposées en bandes verticalement, de manière que le bleu soit attaché à la gaule du pavillon, le blanc au milieu et le rouge flottant dans les airs ».

La légende voudrait que ce soit le peintre Louis David qui ait choisi l’ordre des couleurs. Le Blanc représente la monarchie de droit divin. Pendant longtemps, le Blanc a été associé aux drapeaux et étendards à la fleur de lys pour symboliser le pouvoir du roi, étroitement lié à la religion. Le Bleu et le Rouge furent longtemps considérés comme les couleurs de la ville de Paris, portées en cocarde par ses habitants pour la protéger. Le bleu est plus généralement attaché à la France, en étant la couleur des armées de Clovis, son premier roi. Le rouge est la couleur de la révolte, de la Patrie en danger et du sang versé.

L’ordre des couleurs symbolise la victoire du peuple sur la monarchie. Les lignes verticales permettent de se distinguer du pavillon hollandais. C’est la marine, qui a imposé, cette verticalité.

Depuis sa création, le drapeau Bleu-Blanc-Rouge n’a quasiment pas changé. Il fut remis en question ponctuellement lors de la première Restauration (6 avril 1814 – 1 mars 1815), de la seconde Restauration (8 juillet 1815 – 2 août 1830) et sous la 2ème République en 1848 où durant 10 jours, l’ordre des couleurs fut modifiée pour le Bleu-Rouge-Blanc.

Le soldat et le drapeau.

Évidemment, lorsqu’on a servi sous le drapeau pendant trois décennies, on ne peut pas ne pas penser à ces petits matins frileux où était hissé ce « bout de tissu » en haut du mât trônant au milieu de la place d’armes, à l’occasion des « grandes couleurs régimentaires » présidées par le colonel : « Attention pour les couleurs ! Prêt ! Envoyez ! » Et le clairon retentissait tandis que montait l’emblème dans le ciel gris. On avait froid aux mains et chaud au cœur. Ou encore à ces cérémonies de présentation au drapeau des jeunes Volontaires. Le chef de corps expliquait toute la symbolique des trois couleurs et évoquait l’histoire du régiment avant de s’écrier : « Paras du « 8 », voici votre drapeau ! ».

Évidemment, on va trouver ça ringard, mais comment ne pas citer cette phrase tirée d’un livre à couverture rouge et or de la fin du XIXème siècle : « Le drapeau, c’est la Patrie ! On vit sous son ombre, et sous son ombre on meurt. Il est le point lumineux où se rencontrent tous les regards ; loin de la famille et de la Patrie, il rappelle la famille et la Patrie. »

Ecoutons encore le général de Villiers, quand il était chef d’état-major des armées, nous parler du drapeau dans une de ses « lettres à un jeune engagé », en novembre 2016 :

« …. Notre drapeau est à la fois signe, symbole et emblème. Le drapeau est, d’abord, un signe de ralliement. C’est toujours vers lui que tous les regards convergent ; jadis, dans la furieuse mêlée des combats et aujourd’hui, alors qu’on le hisse au sommet du mât. On dit, de nous, militaires, que nous servons « sous les drapeaux ». L’image est belle et elle est juste ! Car ce sont bien nos trois couleurs qui nous embrassent et nous rassemblent. Elles nous relient avec ceux d’entre vous qui, en opérations, l’arborent sur leur tenue.

Elles sont le signe visible de notre engagement.

Le drapeau est, ensuite, le symbole de nos valeurs. Deux mots les résument : « Honneur et Patrie ». Ils sont inscrits en lettres d’or dans les plis de chacun de nos emblèmes. La Patrie c’est le « pourquoi » de notre engagement ; l’honneur, c’est le « comment ».

Marchant avec l’honneur, il y a le sens du service, le caractère, le courage, l’abnégation…

C’est parce que toutes ces vertus sont rassemblées dans ses plis que le drapeau vient naturellement recouvrir la dépouille de ceux qui ont tout donné pour que vive la France.

Le drapeau est, surtout, l’emblème de notre pays. De la nation tout entière ; de la France dans son ensemble. Il n’est la propriété de personne. Nous l’avons tous en partage.

Françaises et Français ; civils et militaires ; générations passées, présentes et futures. En lui sont réunies la tradition, fruit de nos expériences passées, et la modernité de nos armées qui regardent résolument vers l’avant.

Notre drapeau est tissé du fil des épreuves et des ambitions de notre pays. Quand le pays souffre, il est en berne ; quand le pays exulte, il pavoise rues et monuments. C’est ce qu’il représente que nous saluons.

C’est devant ce qu’il signifie que nous nous inclinons.

Honneur, donc, à nos trois couleurs, où que vous soyez, où que vous serviez.… ».

Notre drapeau, c’est le symbole fort de la France. La France est bien plus grande et bien plus belle que la seule République. Nos valeurs fondamentales sont d’abord celles qui sont inscrites en lettres d’or dans les plis de son drapeau : Honneur et Patrie.

Il y a 220 ans, le drapeau français dessiné par Jacques-Louis David, peintre révolutionnaire, fut adopté par la Nation comme symbole officiel.

Pourquoi Bleu, Blanc, Rouge ?

Le blanc représente la monarchie de droit divin. Pendant longtemps, le blanc est associé aux drapeaux et étendards à la fleur de lys pour symboliser le pouvoir du roi, étroitement lié à la religion.

Le bleu et le rouge furent longtemps considérés comme les couleurs de la ville de Paris, portées en cocarde par ses habitants pour la protéger. Le bleu est plus généralement attaché à la France, en étant la couleur des armées de Clovis, son premier roi. Le rouge est la couleur de la révolte, de la Patrie en danger et du sang versé.

L’ordre des couleurs symbolise la victoire du peuple sur la monarchie. Les lignes verticales permettent de se distinguer du pavillon hollandais. C’est la marine, qui a imposé, cette verticalité.

Depuis sa création, le drapeau bleu, blanc et rouge n’a quasiment pas changé. Il fut remis en question ponctuellement lors de la première Restauration (6 avril 1814 – 1 mars 1815), de la seconde Restauration (8 juillet 1815 – 2 août 1830) et sous la 2ème République en 1848 où durant 10 jours, l’ordre des couleurs fut modifiée pour le Bleu-Rouge-Blanc.

Symbole fort de l’identité nationale, le drapeau français constitue un repère fondamental dans la notion de Patrie. À ce titre, il représente un marqueur significatif dans le débat sur l’esprit de défense. Expression de la cohésion et de la fierté d’un peuple, l’emblème tricolore occupe une place majeure dans le roman de la construction du pays. Il s’est finalement imposé après un parcours agité dans le long fleuve de l’Histoire de France.

L’emblème tricolore apparaît à la Révolution. C’est Lafayette, le commandant de la Garde nationale nouvellement créée, qui le remet au roi Louis XVI à l’Hôtel de ville de Paris le 17 juillet 1789. Le souverain accroche une cocarde tricolore sur son couvre-chef. Les couleurs de la capitale, le bleu et le rouge, sont alliées au blanc, symbole de la royauté. Ainsi est scellée « l’alliance auguste et éternelle entre le monarque et le peuple ». Le blanc a toujours été arboré sur les champs de bataille par les rois de France dès Henri IV. La tirade du souverain palois avant la bataille d’Ivry (1590) est restée dans toutes les mémoires : « Ne perdez point de vue mon panache blanc, vous le trouverez toujours au chemin de l’honneur et de la victoire ». Le bleu et le rouge ont aussi une signification chrétienne : le bleu est associé au manteau de la Vierge, le rouge, couleur des cardinaux, symbolise le martyre de la foi.

La naissance du drapeau tricolore est officiellement inscrite dans le marbre de l’Histoire par le décret de la Convention du 27 pluviôse de l’an II (15 février 1794) : « Le pavillon national sera formé des trois couleurs nationales, disposées en bandes verticalement, de manière que le bleu soit attaché à la gaule (le mât) du pavillon, le blanc au milieu et le rouge flottant dans les airs ».

La cocarde tricolore est portée par les révolutionnaires sur le bonnet phrygien, symbole de la liberté. Pendant la guerre d’indépendance américaine (1776-1783), cet emblème était exhibé par les insurgés qui voulaient s’affranchir du joug anglais. Cette attitude avait frappé le général La Fayette, qui combattait aux côtés des indépendantistes américains. Ce bonnet d’origine antique, en provenance d’une contrée d’Anatolie (la Phrygie), tire son nom de la coiffure que mettaient les esclaves qui venaient de se libérer de l’Empire romain. Aujourd’hui, ce symbole expressif de l’émancipation couvre la tête de Marianne, la figure allégorique de la République.

Avec Napoléon, les trois couleurs font le tour de l’Europe au cours des nombreuses conquêtes de l’armée française. Elles incarnent la puissance et le rayonnement de la France. Mais après la chute de l’Empire, le drapeau national est contesté. Louis XVIII puis Charles X rétablissent le drapeau blanc en référence à la monarchie restaurée. À la suite des émeutes des Trois Glorieuses en juillet 1830, Louis-Philippe, le roi de tous les Français, accepte le retour aux trois couleurs. « La nation reprend ses couleurs », affirme le nouveau monarque. Au même moment, le peintre Eugène Delacroix donne un nouvel élan au pavillon tricolore dans son célèbre tableau La liberté guidant le peuple. L’œuvre représente une femme aux seins nus, coiffée d’un bonnet phrygien et brandissant l’étendard tricolore devant une barricade au milieu d’insurgés. Cette femme du peuple rassemble les révolutionnaires des faubourgs, toutes classes confondues, dans un lyrisme patriotique. La scène mythique a inspiré Victor Hugo dans la description poignante d’une barricade dans son roman Les misérables et plus particulièrement son personnage Gavroche. La composition picturale illustrera les billets de banque de cent francs de 1978 à 1995.

Lorsque la IIe République est proclamée au lendemain de la Révolution de 1848 et l’abdication de Louis-Philippe, les extrémistes réclament le drapeau rouge, celui de la Terreur, « l’étendard sanglant » du peuple en colère. Il faudra tout le talent oratoire, le prestige lumineux et l’extraordinaire force de conviction du poète Lamartine, membre du gouvernement provisoire, pour défendre les trois couleurs nationales lors d’un discours exaltant qui est resté dans la postérité : « Le drapeau rouge que vous rapportez n’a jamais fait que le tour du Champ-de-Mars traîné dans le sang du peuple en 1791 et en 1793, alors que le drapeau tricolore a fait le tour du monde avec le nom, la gloire et la liberté de la patrie ! ». L’enseigne tricolore est sauvée par le célèbre auteur romantique. Elle est décrétée « emblème national » le 26 février 1848.

Après la chute du Second Empire et le désastre de Sedan en septembre 1870, un courant monarchiste réclame le retour au drapeau blanc, « cet étendard sans tache ». Mais les partisans de la République s’opposent à ce changement qui heurte les convictions des patriotes. Dans une bouleversante proclamation aux Français (30 octobre 1870), Gambetta, qui organise depuis Bordeaux la résistance à l’invasion prussienne, lance cette harangue émouvante : « Tant qu’il restera un pouce du sol sacré sous nos semelles nous tiendrons ferme le glorieux drapeau de la Révolution française ».

Finalement la IIIe République, proclamée le 4 septembre, conservera la bannière tricolore.

Après la perte humiliante de l’Alsace et de la Lorraine, des élans de patriotisme se manifestent sur le territoire. Ces sursauts prennent toujours pour référence le drapeau français. Parmi les regains de sentiments nationalistes, il y a la publication en 1877 du roman Le tour de France par deux enfants » d’Augustine Fouillée. Destinée à l’apprentissage de la lecture pour les élèves des écoles de la IIIe République, l’œuvre raconte l’épopée de deux enfants qui partent à la recherche d’un oncle paternel à travers les provinces françaises. Le document vise aussi à la formation historique, géographique et civique de la jeunesse. Il évoque notamment les grands hommes et les faits glorieux de l’Histoire de France. Chacun des 121 chapitres commence par une maxime, en particulier l’amour de la France répété inlassablement, et s’organise autour d’un thème principal. La morale républicaine qui est inculquée dans le récit se réfère souvent au drapeau français. Le succès phénoménal de cette aventure touchante (7 millions d’exemplaires vendus au moment où éclate la Première Guerre mondiale) témoigne de l’intérêt porté par la population pour ce genre de document pédagogique qui met en exergue le patriotisme et les couleurs nationales. Dans le contexte revanchard qui marque la période de l’après-guerre 1870, cette soif de rappel aux valeurs symbolisées par le fanion tricolore a toujours caractérisé les moments difficiles d’un pays lorsqu’il aspire à retrouver des formes d’union nationale pour hâter la régénération d’une société traumatisée.

Au début du XXe siècle le drapeau tricolore est préservé mais il demeure une matière de discorde entre les partis politiques. Des mouvements de gauche « pacifistes » dénoncent un symbole du conservatisme, du colonialisme et du nationalisme. Le Front populaire n’hésitera pas à mêler les trois couleurs avec la bannière rouge communiste pendant les manifestations. En mai 1968, les gauchistes affirment que l’étendard national est un objet devenu « complètement ringard, tout juste bon à orner les façades des préfectures » (Fourny). L’extrême droite le récupère et en fait l’attribut de la mouvance souverainiste.

Mais la République se réveille en rétablissant les cours d’instruction civique, mis en lumière par la IIIe République, et réapprend les devoirs du citoyen aux élèves, notamment le respect au drapeau, une attitude qui n’est pas seulement l’apanage des militaires. Les couleurs nationales ne sont ni de droite, ni de gauche, elles incarnent les valeurs républicaines et appartiennent à tous les Français quelles que soient leurs convictions politiques.

L’Histoire nous rappelle que lorsque le pays est menacé, les citoyens s’appuient sur le symbole fort – représenté par le drapeau – pour mener la lutte contre l’asservissement. En 1938, les Corses, dont le territoire était l’objet de visées expansionnistes par le régime fasciste de Mussolini, avaient fermement réagi par le biais de leur porte-parole Jean-Baptiste Ferracci. Le président des anciens combattants de Bastia avait fait le serment de défendre le pavillon français coûte que coûte. La promesse solennelle prononcée le 4 décembre devant l’étendard tricolore à Bastia est inscrite dans les chroniques de l’île de beauté : « Face au monde, de toute notre âme, sur nos gloires, sur nos tombes, sur nos berceaux, nous jurons de vivre et de mourir Français ».

Les Français n’hésitent pas à brandir l’enseigne tricolore avec allégresse sur les Champs-Élysées lors de la victoire de l’équipe de France dans la coupe du monde de football en juillet 1998. Il en va de même dans tous les lieux où un sportif français remporte une victoire importante (jeux olympiques, championnats du monde…). Sur ce chapitre, le nageur Florent Manaudou, champion olympique et titulaire de plusieurs titres mondiaux, a exprimé son immense fierté de voir s’élever le drapeau français et d’entendre La Marseillaise lorsqu’il est sur la plus haute marche d’un podium : « Je trouve qu’on a de la chance d’avoir un pays avec une histoire. On sait d’où on vient. Ce n’est pas pour critiquer les États-Unis, mais on a une histoire tellement vieille, des racines… La Révolution est un pan de notre mémoire ».

Ce sentiment élevé de la dignité et de l’honneur qu’un homme éprouve lorsque le drapeau français est hissé avait été exprimé avec une grande émotion par l’ancien champion olympique du marathon (à Melbourne en 1956) Alain Mimoun, alors âgé de 90 ans, le 13 janvier 2011, à l’occasion de l’inauguration d’une pièce à son nom au ministère des Sports : « J’ai donné mon sang pour la France et j’ai arraché quatre médailles pour elle. (…). J’ai fait dix fois le tour du  monde, pour moi rien ne vaut la France. Quand le drapeau tricolore a été hissé à Melbourne, j’ai pleuré sans larmes tellement j’étais déshydraté, ça m’a fait mal. Pour moi, la France, c’est la plus belle fille du monde avec, en plus, quelque chose de sacré, comme une atmosphère de sainteté ».

Les trois couleurs sont également présentes pour donner du faste à certains événements de société : l’écharpe de Miss France arbore une cocarde tricolore, la médaille du meilleur ouvrier de France est composée d’un ruban tricolore et le lauréat dans la catégorie « métier de bouche » peut alors porter une veste blanche avec un col aux trois couleurs françaises, source de prestige et de fierté. Mais le grand sursaut patriotique survient après les attentats tragiques début janvier (Charlie Hebdo, Hypercacher) et le 13 novembre 2015. Les balcons sont pavoisés de bleu – blanc – rouge en hommage aux victimes. Les couleurs nationales sont l’objet d’un consensus impressionnant et illustrent la volonté de rassemblement de toute une nation meurtrie, mais qui tient à rester debout et à le faire savoir. C’est l’union sacrée. Le drapeau français, symbole respecté du recueillement de tout un peuple est aussi celui de la résistance à toute entrave à la liberté. C’est aussi cela l’esprit de défense. Comme la ville de Paris, la bannière tricolore fluctuat nec mergitur.

Mon cher camarade,

Je vous l’avais annoncé… Aujourd’hui, j’ai décidé de vous écrire quelques mots sur nos couleurs ; celles qui se lèvent avec le jour et se baissent avec le soir qui tombe. Elles rythment le quotidien de nos vies de soldat, là où nous sommes. Dans la simplicité et toujours dans un climat de profond respect. Jamais, j’en suis certain, il ne vous est venu à l’esprit de considérer que ces marques de respect, apprises au lendemain de votre engagement, étaient exagérées, futiles ou dérisoires. Les égards réservés à ce morceau d’étoffe vous paraissent naturels. Il y a là quelque chose d’instinctif, d’évident. A l’inverse, quand, d’aventure, certains viennent à manifester de l’hostilité ou du mépris pour notre drapeau, cela vous fait mal. C’est que comme Français et comme soldats nous percevons la richesse de ce qui est contenu dans les plis de notre drapeau : une somme de gloires, d’efforts, de douleurs et de valeurs, qui ont fait ce que nous sommes et ce qui nous rassemble, aujourd’hui.

Notre drapeau est à la fois signe, symbole et emblème.

Le drapeau est, d’abord, un signe de ralliement. C’est toujours vers lui que tous les regards convergent ; jadis, dans la furieuse mêlée des combats et aujourd’hui, alors qu’on le hisse au sommet du mât. On dit, de nous, militaires, que nous servons « sous les drapeaux ». L’image est belle et elle est juste ! Car ce sont bien nos trois couleurs qui nous embrassent et nous rassemblent. Elles nous relient avec ceux d’entre vous qui, en opérations, l’arborent sur leur tenue. Elles sont le signe visible de notre engagement.

Le drapeau est, ensuite, le symbole de nos valeurs. Deux mots les résument : « Honneur et Patrie ». Ils sont inscrits en lettres d’or dans les plis de chacun de nos emblèmes. La Patrie c’est le « pourquoi » de notre engagement ; l’honneur, c’est le « comment ». Marchant avec l’honneur, il y a le sens du service, le caractère, le courage, l’abnégation. C’est parce que toutes ces vertus sont rassemblées dans ses plis que le drapeau vient naturellement recouvrir la dépouille de ceux qui ont tout donné pour que vive la France.

Le drapeau est, surtout, l’emblème de notre pays. De la nation tout entière ; de la France dans son ensemble. Il n’est la propriété de personne. Nous l’avons tous en partage. Françaises et Français ; civils et militaires ; générations passées, présentes et futures. En lui sont réunies la tradition, fruit de nos expériences passées, et la modernité de nos armées qui regardent résolument vers l’avant.

Notre drapeau est tissé du fil des épreuves et des ambitions de notre pays. Quand le pays souffre, il est en berne ; quand le pays exulte, il pavoise rues et monuments. C’est ce qu’il représente que nous saluons. C’est devant ce qu’il signifie que nous nous inclinons.

Honneur, donc, à nos trois couleurs, où que vous soyez, où que vous serviez. Le service, justement, sera le thème de ma prochaine lettre…

Fraternellement,

Général d’armée Pierre de Villiers

Ecole militaire, le 25 novembre 2016

Avenue du lieutenant Jacques Desplats

81108 Castres Cedex