Je suis le capitaine J, engagé dans l’opération Barkhane au sein du GTD3-CHIMERE comme chef du détachement de liaison et d’accompagnement auprès des forces partenaires de mars à juillet 2021.
Cette mission qui s’est déroulée en trois phases, a réuni tous les ingrédients qui définissent « l’esprit de corps des troupes de marine » : l’envie d’aventure, se confronter à une autre culture, l’esprit de groupe, une cohésion forte, un esprit guerrier avec la volonté de vaincre, pour n’en citer que quelques-uns. Quelle aventure !
Tout d’abord en phase 1, il a fallu relever le défi d’accompagner au combat 250 tchadiens en prenant en compte leur logistique. Notre puissance de feu et notre surnombre a forcé l’ennemi à fuir les zones de combat. Manœuvrer avec les tchadiens aura été compliqué tant leur culture opérationnelle est teinté du « Rezzou ». Il aura fallu un dialogue au quotidien pour arriver à un résultat satisfaisant.
En phase 2, nous avons intégré une section d’infanterie du Burkina Faso et une section malienne. Un mélange de culture, avec des échanges de savoir-faire, et la nécessité absolue de gagner leur confiance pour pouvoir les accompagner au combat. C’est un des points clés du DLA : gagner le respect et la confiance de nos frères d’arme.
Dans la 3ème phase si le détachement a perdu en masse de manœuvre avec le départ des tchadiens et des burkinabés, il a gagné en agilité et en fluidité dans les déplacements avec le renfort d’une compagnie d’infanterie malienne de Boulikessi. Très bien commandée, elle a immédiatement adhéré à nos modes d’actions.
Comment faire pour gagner leur confiance ?
Etre exemplaire au quotidien, faire preuve de savoir-être et de savoir-vivre, font partie des clés du succès. Il convient de porter une attention particulière au moral des troupes, les motiver, quelques fois les galvaniser en les valorisant par des actions de combat à leur niveau, pour qu’ils continuent de produire des efforts qu’eux même n’auraient jamais imaginé !
Partager notre expérience opérationnelle, et concevoir une manœuvre ensemble en leur demandant leur avis afin qu’ils puissent « s’élever » et être à leur tour une force de proposition pour nous mais surtout pour leurs chefs lorsqu’ils manœuvreront de manière autonome.
Pour conclure, au cours de ces trois mois de brousse à traquer et chasser, notre ennemi commun, chaque jour aura été différent. Ce fût une mission très exigeante physiquement et psychologiquement car il faut sans cesse susciter l’adhésion de tous. Il faut s’assurer à chaque instant de la bonne compréhension des ordres et surtout trouver des modes d’actions « innovants » pour surprendre l’ennemi. Des modes d’actions propres au 8, qui m’ont rappelé ceux utilisés par les « Eléphants Noirs » de la glorieuse CPIMA au Tchad dans les années 70 où certains « volontaires » y ont écrit son histoire.
Les maliens ont désormais les cartes en mains et surtout les ingrédients pour pérenniser l’excellent travail accompli car au-delà du bilan exceptionnel fait sur l’ennemi, c’est avant tout la confiance en eux que nos camarades maliens ont recouvré.
En avant !
« Et au nom de dieu, vive la coloniale ! »
« Et par saint Michel, vive les paras ! »
CNE « J », ou « GOLF » indicatif du DLA.
TEMOIGNAGE D’UN EQUIPIER DLA GTD CHIMERE
Je suis le sergent S, engagé dans l’opération Barkhane au sein du GTD3-CHIMERE comme équipier commando au sein du détachement de liaison et d’accompagnement auprès des forces partenaires de mars à juillet 2021.
Après avoir travaillé avec les forces partenaires nigériennes et des groupes armés signataires lors des mandats précédents, cette mission s’annonçait bien différente des autres.
Différente car nous allions vivre 24h/24h avec nos frères d’arme africains. Ensuite différente par la durée de la mission puisque la moyenne habituelle des opérations, de 10 jours à 3 semaines de « brousse », a été bien élargie : 3 mois sur le terrain, une première !
Imprégné du très fort esprit de corps des paras du 8 qui comprend bien évidemment l’esprit « colo », j’ai toujours été très intéressé de découvrir d’autres cultures. J’ai naturellement partagé leurs coutumes et leurs modes de vie afin de renforcer notre cohésion. La cohésion, un élément moteur, qui nous servira lors des très nombreuses missions exigeantes effectuées ensemble. Animés d’un esprit fraternel, les FAMA nous ont conviés à tous les repas et à boire le thé à tout moment.
Vivre ensemble, combattre ensemble, l’expérience « des troupes de marine » transmise par nos anciens demeure et c’est à nous de la faire perdurer.
Avenue du lieutenant Jacques Desplats
81108 Castres Cedex