TéMOIGNAGE DU CDU de la cie d'inf du GTD CHIMèRE

Commandant d’unité de la 4° compagnie de combat du 8° Régiment de Parachutistes d’Infanterie de marine, nous avons été désignés en début d’année pour armer, avec mes parachutistes, l’échelon national d’urgence (ENU) pour une durée de deux mois.

Comme c’est la norme pour l’ENU, notre déploiement dans la Bande Sahélo-Saharienne (BSS) n’a pas fait l’objet de séquence de préparation opérationnelle spécifique au théâtre Malien. C’est donc en s’appuyant sur la préparation de l’alerte ainsi qu’en capitalisant sur les savoir-faire et l’expérience acquis que la compagnie a fait face à ce mandat innovant qui nous a vu pendant près de 80 jours, déployés au cœur de la zone des trois frontières, lutter aux côtés de nos partenaires Maliens, Burkinabés et Tchadiens, contre un ennemi commun que sont les groupes armés terroristes affiliés à l’Etat Islamique au Grand Sahara (EIGS) et au Rassemblement pour la Victoire de l’Islam et des Musulmans (RVIM).

Enchainant raids motorisés, missions de harcèlement ou encore infiltrations pédestres pour traquer l’ennemi, les corps, les esprits mais également les matériels ont été soumis à rude épreuve. Les conditions climatiques particulièrement éprouvantes jumelées à l’environnement rustique et au milieu complexe qui combine zones densément boisées à une topographie vallonnée imposent d’avoir une faculté d’adaptation rapide et un certain sens du terrain pour rester efficace. Les chefs de tous niveaux doivent également veiller en permanence à préserver le potentiel de leurs hommes pour conserver au meilleur niveau la capacité opérationnelle de la compagnie. Cela passe par une connaissance fine de la troupe, une forte cohésion et un esprit de corps puissant qui poussent les hommes au-delà des limites qu’ils pensaient connaitre.

La compagnie a eu la chance de participer l’été dernier à l’opération Harpie en Guyane, où là encore, l’environnement très hostile, oblige les hommes à s’aguerrir et à s’adapter rapidement pour durer et continuer de remplir efficacement la mission. De la forêt équatoriale à la forêt de « Foulséré » il n’y a quasiment que le niveau d’humidité qui change, les chaleurs écrasantes sous la canopée ressemblent à celles retrouvées à la frontière Burkinabées, le poids des protections balistiques en moins. Les modes d’action adverses, eux aussi, sont similaires. L’ennemi qui privilégie l’évitement, s’appuie sur un réseau de sonnettes qui lui offre un maillage complet et quasi invisible sur le terrain, ce qui nous impose d’être inventif et rusé pour gagner l’effet de surprise et pouvoir agir sur sa logistique à défaut de l’affronter directement. Le « GAT » quant à lui ne se différencie du « garimpeiro » que par le fait qu’il possède de l’armement de guerre, bien que des milices armées contrôlent les principaux sites aurifères, mais surtout par ses TTPs qui consistent principalement au piégeage de type IED ou mine dormante même si l’affrontement direct reste possible et qu’il nous oblige d’être toujours prêts.

Au final, le bilan de la compagnie sur ce mandat Barkhane restera excellent. Tous nos véhicules auront tenu le choc pour effectuer les plus de 1300 kms parcourus, aucune évacuation sanitaire n’est à déplorer et tous les hommes retrouveront prochainement le quartier Fayolle. La préparation opérationnelle intense et permanente conduite en métropole, les savoir-faire acquis lors de la précédente projection et l’esprit du « 8 » ancré chez chacun des marsouins parachutistes auront permis de faire face, sans préavis, à ce mandat à la fois exigeant et exaltant où, aux côtés de nos partenaires, la mission aura été pleinement remplie.

CNE Pierre L

CDU 4ème compagnie de combat

« Ruse & Cogne »

Avenue du lieutenant Jacques Desplats

81108 Castres Cedex