La bataille de Diên Biên Phu

Sommaire

Dans les pages qui suivent nous vous proposons de suivre « jour par jour » la Bataille de Diên Biên Phù vue pour l’essentiel au travers des témoignages des hommes du 8e B.P.C.

TABLE

(cliquez sur le jour désiré)

L’opération CASTOR – Le 20 Novembre à 8h15, une soixantaine de dakotas décollèrent de Hanoï en direction de la cuvette de Diên Biên Phu avec le 6e Bataillon de Parachutiste Coloniaux (BPC) de Bigeard et le 2e Bataillon du 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes de Bréchignac. Entre 10h35 et 10h45, les premières toiles de parachutes s’ouvrirent sur Diên Biên Phu.

De CASTOR à POLLUX – L’opération « Castor » peut être considérée comme terminée lorsque le 5e BPVN (Bataillon Parachutiste Vietnamien) atterrit le 22 novembre 1953 sur ce qui va devenir le camp retranché de Diên Biên Phu. La zone est sécurisée sur l’espace voulu et les bataillons de parachutistes ont commencé à rayonner aux alentours à la recherche d’une éventuelle présence vietminh.

Samedi 13 mars 1954 – Le 13 mars à 17H30, comme l’a dit le sergent Legrain de la « 3 », retentit la « Grande symphonie barbare ».

Dimanche 14 mars 1954 – La perte de « Béatrice » la nuit dernière porte un coup au moral du camp retranché.

Lundi 15 mars 1954 – Au PC du camp retranché, c’est l’effroi. Le lieutenant-colonel Piroth, responsable de l’artillerie et qui a été incapable de détruire les canons adverses, se suicide.

Mardi 16 mars 1954 – En une semaine les Viets parviennent à 200 mètres de camp, tandis que leur DCA freine considérablement les moyens aériens des Français, tant pour le ravitaillement en armes et vivres que pour l’évacuation des blessés.

Mercredi 17 mars 1954 – Le retour à DBP du « bataillon Bigeard » contribue à remonter le moral de la garnison, choquée par la tournure prise par les évènements.

Jeudi 18 mars 1954 – Après une phase d’assaut frontal, très coûteuse en vies humaines, Giáp opte pour une tactique de harcèlement du camp retranché.

Vendredi 19 mars 1954 – Les Français subissent les tirs adverses et doivent en plus assurer le ravitaillement du camp.

Samedi 20 mars 1954 – Les pertes aériennes sont importantes. Les parachutages permettent l’arrivée de quelques renforts en matériels, mais sont tributaires de la météo de plus en plus bouchée et des tirs antiariens viêts de plus en plus efficaces.

Dimanche 21 mars 1954 – Qui commande ? Prise en main du commandement du camp retranché par les paras.

Lundi 22 mars 1954 – Au sud, le point d’appui « Isabelle » est dangereusement isolé. La liaison avec ses défenseurs nécessite la mise en place quotidienne d’opérations de plus en plus risquées.

Mardi 23 mars 1954 – Le vietminh semble vouloir couper ISABELLE du centre de résistance. Une tranchée coupe la route à 3 km de CLAUDINE.

Mercredi 24 mars 1954 – L’adversaire resserre son contact notamment au nord-est à l’est et au sud-ouest, occupe de plus en plus fortement la zone des contacts.

Jeudi 25 mars 1954 – Le « 8 » accroche durement pour dégager « Dominique » 2.

Vendredi 26 mars 1954 – Harcèlement habituel, l’ennemi pousse très fort ses travaux d’approche organisation du terrain.

Samedi 27 mars 1954 – Geneviève de Galard, convoyeuse de l’air infirmière, se retrouve coincée dans l’enfer du camp retranché après que son Dakota accidenté soit détruit par les bombardements Viet.

Dimanche 28 mars 1954 – Raid éclair du « 6 » et du « 8 » pour essayer de neutraliser la DCA vietminh qui interdit maintenant pratiquement tout survol du camp retranché.

Lundi 29 mars 1954 – Giap estime qu’il est parvenu à un niveau de réorganisation et réapprovisionnement satisfaisant.

Mardi 30 mars 1954 – Après un déluge d’artillerie préparatoire le vietminh attaque en masse et des vagues humaines submergent les positions d’Eliane et Dominique.

Mercredi 31 mars 1954 – Sur Éliane 2, le Viet-Minh se heurte à la farouche résistance des compagnies du I/4e RTM. Au matin du 31 mars, Éliane 2, jonchée de dizaines de cadavres, tient toujours.

Jeudi 1er avril 1954 – La pluie ne cesse de tomber. Pour les hommes dans les tranchées, c’est le début de l’enfer, jours et nuits dans la boue jusqu’aux genoux sans jamais être secs, sans jamais manger chaud, ils se battent.

Vendredi 2 avril 1954 – Au soir du 1er avril, le régiment 174 de la division 316 vietminh, part à la conquête d’ELIANE 2 défendu par des Thaïs, des Marocains, des parachutistes, des légionnaires. Au matin, il doit se retirer, abandonnant des cadavres par centaines.

Samedi 3 avril 1954 – Le lieutenant-colonel Langlais demande au 8° Choc d’intervenir pour sauver « Huguette » 6 qui défend l’accès à la piste d’aviation.

Dimanche 4 avril 1954 – La « 4 » du 8ème Choc reprend « Huguette » 6 aux Viêts. Le 2éme bataillon du 1er RCP de Bréchiniac est parachuté en renfort.

Lundi 5 avril 1954 – Cette fois, c’est au tour de la « 3 » du lieutenant Bailly de se battre pour occuper et défendre « Huguette » 6.

Mardi 6 avril 1954 – Le jour les obus tombent et la nuit des vagues humaines qui déferlent sur les positions françaises. Mais Diên Biên Phu tient, dans la douleur, le sang et la boue.

Mercredi 7 avril 1954 – Afin de renforcer la garnison, le lieutenant-colonel Langlais, en charge des contre-attaques à Diên Biên Phu, demande à ses supérieurs, à Hanoï, d’autoriser le parachutage de personnels de renfort non brevetés.

Jeudi 8 avril 1954 – Les opérations d’encerclement et d’asphyxie autour du sous-secteur Huguette à l’ouest comme celui des collines  de l’est se poursuivent durant le mois d’avril. Les contre-attaques limitées dans le temps sont menées par les seuls parachutistes.

Vendredi 9 avril 1954 – La pression sur les défenseurs ne doit pas faiblir. Encore et toujours, le Viêt Minh continue de harceler les français avec son artillerie. Inexorablement, méthodiquement il poursuit son action d’encerclement, d’étouffement des positions françaises.

Samedi 10 avril 1954 – le chef de bataillon Bigeard veut reprendre « Eliane » 1 ; les mortiers du lieutenant Allaire noient les tranchées périphériques d’ « Eliane » 1 sous un déluge de torpilles. Après une préparation d’artillerie de dix minutes, la 1ère compagnie du lieutenant Le Page avec la section de l’adjudant Herraud et la 2e compagnie du lieutenant Trapp avec la section du lieutenant Samalens se lancent à l’assaut.

Dimanche 11 avril 1954 – « Éliane » 1 est en majeure partie tenue par le 6e BPC après des combats particulièrement sévères. Intense réaction de l’artillerie VM. Giap affecte plus de la moitié de son infanterie contre les « Huguette ».

Lundi 12 avril 1954 – Message du général de Castries au général Cogny : En raison préparation combats sur « Eliane » 1 et solidité organisations, ne peut envisager attaque « Dominique » 2 sans un important bouleversement préalable.

Mardi 13 avril 1954 – Le 8e Choc a sauté le 21 novembre 1953, depuis il est là ! Omniprésent, il a fait toutes les opérations ou reconnaissances et a maintenu le moral dans un contexte opérationnel difficile.

Mercredi 14 avril 1954 – An nord de la piste, la division 308 viêt émousse ses griffes sur « Huguette » 6, un chaos de bosses et de trous boueux dans lequel vivent, depuis deux semaines, les quelque cent-quatre-vingt défenseurs.

Jeudi 15 avril 1954 – La pression viêt continue sur le nord de la piste d’aviation. Le ravitaillement des PA « Huguette » 6 et 1 prend des proportions inquiétantes et coûte de plus en plus cher en vie humaine.

Vendredi 16 avril 1954 – En pleine bataille, le colonel de Castries est nommé général ; d’autres officiers reçoivent un avancement, notamment le lieutenant-colonel Jean Langlais nommé colonel …

Samedi 17 avril 1954 – Vers 20 heures, deux compagnies du 1er B.E.P et deux compagnies du 8e Choc, se portent sur « Huguette » 1 et attaquent en direction d’ « Huguette » 6. L’opération de dégagement échoue. Huguette 6 est encerclée ; sa garnison doit tenter une sortie.

Dimanche 18 avril 1954 – Jour de Pâques, dans le brouillard matinal, 150 légionnaires et parachutistes vietnamiens, rescapés d’ « Huguette » 6, foncent vers leurs amis. Trois cents mètres à couvrir, sur un glacis sans le moindre abri, en plein dans le champ des mitrailleuses.

Lundi 19 avril 1954 – La chute d’ « Huguette » 6 qui verrouillait l’accès Nord de la piste précipite celle d’ « Huguette »  1 à l’Ouest. A l’Est, le PA « Opéra » qui interdit l’accès de la piste est attaqué durement par la Division 312.

Mardi 20 avril 1954 – la 4e compagnie du I/13e D.B.L.E a pris pied sur « Huguette » 1.  Pendant quatre jours, le PA est attaqué en permanence. A l’Est, les combats sont acharnés, souvent au corps à corps, entre le 8ème Choc et la Division 112 qui cherche à couper la piste d’aviation.

Mercredi 21 avril 1954 – « Isabelle » est isolée. « Eliane » reprise, reperdue. « Huguette » est le théâtre de combats désespérés dans la boue d’un sol labouré, dans les tranchées effondrées, dans l’incessant vacarme des explosions…

Jeudi 22 avril 1954 – Sur « HUGUETTE » 1, les Viets ne laissent aucun répit aux légionnaires qui défendent leur vie. Dès la tombée du jour, les premières sections ennemies sont à pied d’œuvre, à vue directe. Ils ne montent pas à l’assaut ; ils creusent, comme en 1916.

Vendredi 23 avril 1954 – Le général de Castries s’obstine à vouloir reprendre « Huguette » 1, qui livre à l’ennemi plus des deux-tiers de la piste d’atterrissage qu’il juge indispensable à la défense de ce qui reste du camp retranché. Langlais et Bigeard font la grimace.

Samedi 24 avril 1954 – … tel ce capitaine tombé du ciel et que j’ai vu apparaître une belle nuit, l’avant dernière peut-être, amical, joyeux, souriant comme s’il venait à la fête. Aide de camp du général Navarre, il savait pourtant mieux que quiconque où il mettait les pieds. Il s’en fût sans plus attendre sur « Éliane » 2 pour s’y battre sans relâche jusqu’à la fin …

Dimanche 25 avril 1954 – Giap ayant réussi en remplacer les effectifs perdus par de nouvelles recrues, le rapport de force est de plus en plus à son avantage. L’étau se resserre sur ce qui reste du camp retranché.

Lundi 26 avril 1954 – La mousson complique l’appui aérien du camp retranché et les parachutages. La boue atteint maintenant un mètre dans les tranchées Comme chaque jour et chaque nuit, les paras effectuent des petits coups de main d’« aération ».

Mardi 27 avril 1954 – Une colonne commandée par le colonel Crèvecœur, est partie de Muong-Sai en direction de Muong-Khoua et Diên Biên Phu…

Mercredi 28 avril 1954 – Une crise morale sévit dans les troupes Vietminh. Les commandants d’unités viets sont atteints par le doute devant l’apparent manque de progrès dans le siège.

Jeudi 29 avril 1954 – Pendant que les dirigeants politiques discutent à Genève, Washington, Londres ou Paris, du sort du camp retranché, les défenseurs de plus en plus isolés, sans ravitaillement, sous la pluie et dans la boue de leur abri, tiennent bon sous les obus de l’artillerie Viet qui ne faiblit pas.

Vendredi 30 avril 1954 – La Légion fête Camerone « sans vin ni boudin ».- Témoignage du Général Maurice SCHMITT.

Samedi 1er mai 1954 – LE CHANT DU CYGNE – A partir de début mai tout s’accélère, l’offensive à outrance fut prononcée par Giap. L’assaut final est lancé le 1er mai au soir, précédé d’une préparation d’artillerie extrêmement intense qui dure trois heures.

Dimanche 2 mai 1954 – A Hanoï les généraux imaginent un plan utopique pour exfiltrer les combattants de Diên Biên Phu en direction du Laos pour éviter un cessez-le-feu humiliant.

Lundi 3 mai 1954 – Le départ pour le camp retranché du capitaine Jean Pouget, venu manger à la table du général Bodet, a été remarqué à Hanoï.

Mardi 4 mai 1954 – Le médecin-lieutenant Madelaine signale à Le Damany et aux chirurgiens que des morts singulières se sont produites au 2e BEP… En réalité, c’est la garnison dans son ensemble qui est KO debout.

Mercredi 5 mai 1954 – Le sol du réduit central est celui de Verdun, des milliers d’entonnoirs de boue, des milliers de cratère de mort. Le matraquage continue. Dans « ce merdier », il faut trouver le force de surmonter ses peurs.

Jeudi 6 mai 1954 – Assaut sur « Eliane » 2 à la nuit tombée. Bataillon après bataillon, les Viêts attaquent toutes les demi-heures. A 23 h 00 la sape saute, ensevelissant la « 2 »  du 1er BPC. La « 3 » contre-attaque et reprend le sommet à 3 h 00 du matin.

Vendredi 7 mai 1954 – L’ordre de cessez-le-feu circule comme il peut, pas de drapeaux blancs, le silence est tombé sur le camp,

Epilogue –  C’est le silence qui le premier fait mal, ce silence qui s’est abattu sur le camp. Les combattants, habitués au vacarme incessant, se retrouvent soudain désorientés, comme ayant perdu leurs repères. Puis, insidieusement, tous, dans les trous, les tranchées, devant leurs armes détruites, réalisent que c’est fini.

Avenue du lieutenant Jacques Desplats

81108 Castres Cedex