Le commandement des opérations spéciales (COS)

Le commandement des opérations spéciales (COS) est un état-major interarmées basé à Paris et chargé de concevoir, planifier et conduire les opérations militaires des forces spéciales. Ces missions, situées en dehors des cadres d’actions militaires classiques, visent à atteindre des objectifs d’intérêts stratégiques notamment en termes d’actions d’environnement, d’ouverture de théâtre d’intervention dans la profondeur sur des objectifs à haute valeur ou en matière de lutte contre le terrorisme. Le COS est placé sous l’autorité directe du chef d’état-major des armées permettant une boucle décisionnelle courte et un contrôle politico-militaire étroit.

Qu’est qu’une opération spéciale ?

Par définition une opération spéciale est une mission particulière exécutée par une ou des unités spécifiques dont le bénéfice est à haute valeur stratégique pour les armées, mais aussi le pouvoir politique. Souvent exécutées sur un territoire hostile ou derrière les lignes ennemies, les opérations spéciales peuvent durer quelques heures, jours, voire plusieurs semaines. Pour éviter la compromission ou

la fuite d’information, ces missions sont la plupart du temps secrètes et connues d’un nombre limité de personnes.

Origine du commandement des opérations spéciales

Le commandement des opérations spéciales (COS) est créé par un arrêté du ministre de la Défense de l’époque, Pierre Joxe, le 24 juin 1992. Il est né de la volonté des armées, suite à la guerre du Golfe, de posséder un interlocuteur unique pour coordonner toutes les actions des unités spécialisées opérant sur un territoire. C’est le général Maurice Le Page, alors en poste comme adjoint opération à la 11e brigade parachutiste qui sera chargée d’être le premier commandant de l’état-major du COS. 

Après plusieurs visites des unités des forces spéciales à l’étranger le général Le Page a choisi de créer un modèle proche de celui utilisé par les Britanniques (le format des unités était plus proche de celui des unités françaises que celui des Américains). Le général Le Page commandera le COS jusqu’en 1996.

Depuis 2017 le commandement des opérations spéciales est basé à Balard sur l’emprise du ministère des Armées.

Mission du commandement des opérations spéciales

Le commandement des opérations spéciales peut être considéré comme un réservoir de compétence multi milieu (Terre, Air, Mer). En fonctions des missions fixées par le chef d’état-major des armées (CEMA), le COS fournit les unités adaptées et disponibles 24/24, 365 jours par an.

Le commandement des opérations spéciales à plusieurs missions régaliennes :

Concevoir, planifier et conduire les missions des opérations spéciales :

  • Participer à la réflexion sur l’amélioration des matériels et doctrines d’emploi des unités du COS
  • Assurer la cohérence d’emploi des unités en fonctions des missions données par l’état-major des Armées. Fédérer les différentes unités du COS pour maintenir une cohésion et une « forces spéciales », quelle que soit l’armée d’origine. Bien qu’orientés vers un milieu de prédilection propre à leur armée d’origine,  les

 

commandos des opérations spéciales agissent dans tous les milieux. Ainsi des unités de l’armée de Terre ont des composantes nautiques, les aviateurs peuvent intervenir en milieu urbain ou des marins en plein désert sahélien. Ils sont tous capables de mener des opérations de renseignement, d’assaut, de neutralisation, de libération d’otages, de capture de cibles à haute valeur ajoutée, d’action d’influence ou de soutien. Point particulier, contrairement  à d’autres unités d’opérations spéciales étrangères, le COS ne possède pas de composante psyops (guerre psychologique) ou

 action civilo-militaires. Celles-ci sont détenues par une unité interarmées basée à Lyon : Le CIAE (Centre interarmées des actions sur l’environnement).

Organisation du commandement des opérations spéciales

Aujourd’hui le commandement des opérations spéciales regroupe environ 4 000 personnes dans une organisation adaptée aux missions des forces spéciales : un état-major restreint, un vivier d’unités spéciales dépendant organiquement de leur armée respective, une chaine opérationnelle et décisionnelle complète permettant réactivité et autonomie ponctuelle.

État-Major du commandement des opérations spéciales

Il regroupe environ une centaine de personnes des différentes unités du COS. Basé au ministère des Armées à Balard, il est commandé par un officier général appelé «GCOS» s’il est issu de l’armée de Terre ou de l’armée de l’Air et de l’Espace ou « ALCOS » si c’est un marin. Actuellement le COS est commandé par le général Bertrand Toujouse ancien chef de corps du 13e RDP.

Le commandement des forces spéciales terre (COMFST)

Basé à Pau, le COMFST est un état-major de niveau divisionnaire créé le 23 juin 2016.

Principalement employé par le COS et la direction du renseignement militaire, il compte environ 2 600 hommes et femmes. Actuellement les forces spéciales Terre fournissent environ 70% des effectifs engagés dans les opérations spéciales des armées françaises. 

Le COMFST regroupe les quatre unités FS de l’armée de Terre ainsi qu’un groupement spécialisé prélevé sur les forces conventionnelles pour des besoins spécifiques sur une mission donnée. Il est aussi le garant de la préparation et de la formation des unités avant leur départ en opération au sein de l’académie ARES.

 

Le 1ᵉʳ régiment parachutiste d’infanterie de marine (1ᵉʳ RPIMa)

Basé à Bayonne, il est composé de six compagnies sticks actions spéciales (SAS), il est le spécialiste du contre-terrorisme et de la libération d’otages (CTLO). Chaque compagnie est spécialisée dans un domaine d’action particulier : saut à très grande hauteur, actions subaquatiques, jungle, désert, patrouille dans la profondeur, reconnaissance…

Le 4ᵉ régiment d’hélicoptères des forces spéciales (4ᵉ RHFS)

Situé à Pau, le 4e RHFS est la composante aéromobile des opérations spéciales. Ces huit escadrilles (dont deux de soutien) fournissent aux commandos les moyens nécessaires de transport, d’appui et de renseignement  pour intervenir vite et loin en totale autonomie et discrétion. Il est principalement armé par des hélicoptères d’appui et de manœuvre Cougar et Caracal et d’hélicoptères d’attaque Tigre et Gazelle. Deux escadrilles équipées de Puma sont stationnées à Vélizy-Villacoublay et ment pour intervenir vite et loin en totale autonomie et discrétion. Il est principalement armé par

des hélicoptères d’appui et de manœuvre Cougar et Caracal et d’hélicoptères d’attaque Tigre et Gazelle. Deux escadrilles équipées de Puma sont stationnées à Vélizy-Villacoublay et  agissent principalement au profit du ministère de l’Intérieur pour les unités du RAID et du GIGN

Le 13ᵉ régiment de dragons parachutistes (13ᵉ RDP)

Plus vieille unité du COMFST, le 13ᵉ RDP est basé à Souge après plus de 50 années de garnison en Lorraine. Le 13ᵉ régiment de dragons parachutistes est spécialisé dans la recherche, l’analyse et l’exploitation du renseignement. Ces commandos, reconnus dans le monde entier, constituent une unité capable de  s’infiltrer dans la profondeur  en  toute discrétion, mais aussi en mesure de se fondre au milieu des populations. Chacun de ses escadrons est spécialisé dans un domaine d’action

 spécifique : milieu aquatique, désert, montagne, saut à très grande hauteur, transmission et traitement de l’information et analyse du renseignement.

La compagnie de commandement et de transmission des forces spéciales (CCT-FS)

Directement rattachée au COMFST, la CCT-FS est chargée de la constitution et des moyens de transmissions de l’état-major quand il est déployé en opération. Il assure les liaisons entre le COMFST et les unités sur le terrain.

 

Le groupement d’appui aux opérations spéciales (GAOS)

Le GAOS est un réservoir de compétence du deuxième cercle composé d’éléments aux capacités d’emplois très spécifique et puisé dans les unités des forces conventionnelles. Le groupement d’appui aux opérations spéciales fournit des personnels dans les domaines du NRBC, de la guerre électronique, des équipes cynophiles ou encore de l’interrogatoire de prisonniers.

En fonctions des missions, les militaires sont détachés au COMFST et formés à l’académie ARES

L’académie ARES

Véritable pôle d’expertise des forces spéciales, l’académie ARES est colocalisée au COMFST à Pau. Structure à vocation interarmées et interalliée, ARES forme et prépare les équipes commandos avant leur départ en opération, mais est aussi chargé d’une partie de la formation des commandos.

La force maritime des fusiliers marins et commandos (FORFUSCO)

Les commandos Jaubert et Trepel

Spécialistes du contre-terrorisme maritime, de l’extraction de ressortissants et de l’assaut par mer

Le commando de Montfort

Spécialisé dans la neutralisation de cibles à distance avec des groupes de tireurs d’élite, des spécialistes mortier ou antichars.

Le commando de Penfentenyo

Spécialiste de la reconnaissance et la récupération de renseignements à des fins d’action (guidage aérien par exemple)

 

Le commando Hubert

Seul commando à disposer de nageurs de combat, il est aussi l’unique groupe stationné sur la façade méditerranéenne. Le commando Hubert est le spécialiste de l’action sous-marine et du contre-terrorisme maritime.

Le commando Kieffer

Ce commando d’appui est capable d’intervenir dans des domaines très spécifiques comme le combat en environnement NRBC, l’utilisation de drones, la guerre électronique ou le déminage.

Le commando Ponchardier

Dernier né des commandos (2015) cette unité d’appui est spécialisée dans la fourniture de vecteurs spécifiques (nautiques, terrestres et 3D) et d’armement.

La brigade des forces spéciales de l’air (BFSA)

Rebaptisée BFSA depuis le 1er septembre 2020, la BFSA est la composante aérienne du commandement des opérations spéciales. Cette force de 4 000 hommes et femmes a la particularité d’avoir sous ses ordres des unités conventionnelles comme le CPA 20, les escadrons de protection ou les centres de formation spécifiques. Quatre unités dépendent des forces spéciales

 

Le commando parachutiste de l’air N°10 (CPA 10)

Stationné sur la base aérienne 123 d’Orléans-Bricy, le CPA 10 a pour missions principales les opérations de contre-terrorisme et de libération d’otage (CTLO), la capture de cible à haute valeur ajoutée, le guidage de frappes aériennes, la reprise et la mise en œuvre de

 zones aéroportuaires, la préparation de terrains sommaires pour le posé d’assaut des aéronefs. Le CPA 10 est composé de dix groupes actions d’une dizaine de commandos.

Le commando parachutiste de l’air N°30 (CPA 30)

Intégré aux forces spéciales de l’armée de l’Air et de l’Espace depuis juillet 2019, le CPA 30 est stationné sur la BA 123 d’Orléans-Bricy. Le CPA 30 est spécialisé dans l’intégration des moyens aériens avec comme missions principales : la recherche et le sauvetage au combat notamment de personnel isolé (pilotes éjectés par exemple), l’appui aérien  avec comme missions principales :  la recherche et la

 recherche et le sauvetage au combat notamment de personnel isolé (pilotes éjectés par exemple), l’appui aérien et le renseignement. Le CPA 30 est organisé en huit groupes avec chacun des capacités spécifiques comme le tir de précision (au sol ou dans un hélicoptère) la collecte de renseignements (d’origine humaine ou technique), l’insertion ou l’exfiltration par voie aérienne ou terrestre.

 

L’escadron de transport 3/61 Poitou

Stationné sur la base aérienne 123 d’Orléans-Bricy, le «Poitou» est l’unité de transport aérien des forces spéciales. Elle est équipée de Transal C160, d’Hercules C130 et de DH-C6 Twin Otter. (Pour en savoir plus sur les avions de transports tactiques de l’armée de l’Air et de l’Espace, cliquez sur ce lien) Ses pilotes sont tous des spécialistes du vol tactique ou de reconnaissance du posé sur terrain sommaire et du vol de nuit.

L’escadron d’hélicoptères 1/67 Pyrénées

D’abord spécialisé dans les missions de récupération, le Pyrénées intègre le COS en septembre 2020. Régulièrement binômé avec les machines du 4ᵉ RHFS, l’escadron apporte la capacité d’appui et de manœuvre aux commandos des opérations spéciales. L’EH 1/67 est intégralement équipé de Caracal capable, grâce aux moyens techniques et la formation des pilotes, de voler dans des conditions très dégradées de jour comme de nuit et même d’être ravitaillé en vol.

Comment intégrer les forces spéciales ?

Le recrutement des personnels des forces spéciales est propre à chaque armée, unité et à la spécificité d’emploi. Mais il existe certaines constantes au commandement des opérations spéciales comme un excellent niveau physique (retrouvez notre podcast sur la préparation physique avec Teddy Palassy, un ancien commando marine devenu coach sportif), une grande disponibilité et une motivation sans faille. 

S’il existe des recrutements initiaux pour certaines unités, la plupart des commandos viennent des forces conventionnelles et intègrent l’unité de leur choix après une sélection drastique et une formation de plusieurs mois. 

Les grands faits d’armes du commandement des opérations spéciales depuis 20 ans

Les membres du commandement des opérations spéciales sont déployés sur tous les territoires où se trouvent les armées françaises, mais aussi d’autres pays non concernés par les forces conventionnelles. Les membres du COS se sont particulièrement illustrés dans les Balkans, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, en Côte d’Ivoire ou en Centrafrique. Ces 20 dernières années, on les retrouve notamment en : 

  • Afghanistan 2003 : Opération ARES sous commandement allié américain.
  • Somalie (2008) :opération Thalathine (arrestation de pirates somaliens).
  • Niger 2010 :déploiement du COS pour la récupération des otages d’Arlit.
  • Libye 2011 :Participation à l’opération Harmattan.
  • Côte d’Ivoire 2011 :Soutien de l’opération Licorne. Intervention pour l’évacuation et la protection de ressortissants.
  • Mali 2012 :Le COS tente de libérer des otages à Tabankort (mort des deux otages).
  • Mali 2013 :Opération Serval, les forces spéciales sont chargées de préparer l’arrivée des troupes, prendre les aéroports et repousser les combattants ennemis. Le COS continue d’apporter sa contribution à cette opération rebaptisée Barkhane avec la Task Force Takuba, une coalition internationale de commandos des forces spéciales chargée de former les FS maliens.
  • Somalie 2013 :Tentative de libération de l’otage de la DGSE Denis Alex (en appui des forces du service action de la DGSE).
  • Niger 2013 :Des membres du COS auraient appuyé une opération de l’armée nigérienne visant à libérer des militaires pris en otage à Agadez.
  • Irak-Syrie 2014 :La task force Hydra participe notamment à la bataille de Mossoul et la traque des leaders de l’État islamique dans les deux pays.
  • Mali 2015 :Des commandos du COS interviennent lors de l’attentat du Radisson Blu à Bamako. La même année les forces spéciales libèrent un otage occidental.
  • Burkina Faso 2016 :Le détachement du COS en place dans le pays intervient contre les terroristes après l’attentat contre l’hôtel Splendid de Ouagadougou.
  • Yémen 2018 :Des forces spéciales françaises auraient été aperçues aux côtés des forces émiraties notamment lors de la reprise du port de Hodeïda.
  • Burkina Faso 2019 :Libération de quatre otages occidentaux (dont deux français).
  • Mali 2020 :Création de la Task Force Takuba chargée d’accompagner les forces maliennes.

Depuis le 1er janvier 2000, 28 commandos du COS sont morts en opération et 13 en mission d’entraînement.

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